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Publié dans : Textes Erotiques
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« Afin de mieux juger des talents rapprochés et comparés de ces galants entre lesquels il s’agissait d’élire un coadjuteur à Monseigneur, je leur avais assigné rendez-vous pour la même soirée, chacun à une heure de distance l’un de l’autre. Le premier devait venir à sept heures, le second à huit heures, le troisième à neuf et le dernier à dix. Le prélat, qui soupait régulièrement à l’archevêché, ne pouvait jamais me surprendre avant onze heures ; je ne doutais pas qu’au moins pour cette fois on ne fût exact à l’assignation précise, et je restai parfaitement tranquille.

« En effet, à sept heures sonnantes, arrive le premier. C’était un blondin d’une fort jolie figure, d’un ton mielleux, d’une conversation séduisante ; il était très caressant et s’arrêtait longtemps aux préliminaires et, ne pouvant répéter le plaisir, le filait de son mieux. Il avait à peine fini lorsqu’on sonna. Ce cas était prévu, je l’avais même préféré pour éviter l’inconvénient plus grand que ces camarades se rencontrassent et se reconnussent. Je cachai celui qui était expédié dans une garde-robe dont une petite porte donnait dans mon antichambre, et lui indiquai comment, en se couchant derrière un paravent placé exprès, il pouvait facilement gagner l’escalier. J’ouvre ensuite et, faisant signe à celui que j’introduis de garder le silence, je le mène dans mon appartement ; là, je lui rends compte, à voix basse, de la raison de ce mystère, que je fonde sur l’appréhension qu’il n’ait été aperçu de quelque espion de Monseigneur et suivi dans l’escalier ; je ressors comme pour vérifier ce soupçon — mon objet était de favoriser l’évasion du précurseur, en cas qu’il ne fût pas encore parti dans ce moment. J’entends la porte se refermer, je ne doute plus de son départ et je rentre. Point du tout : le curieux impertinent avait bien poussé la porte, mais du dedans, et il était revenu dans sa cachette afin d’observer les manoeuvres du prélat en posture et de s’en amuser. Sa curiosité redouble en levant le coin du rideau d’une porte vitrée, lorsqu’au lieu d’un évêque il voit un cavalier ; bientôt il reconnaît la voix de son camarade, et n’a garde de quitter en un aussi bel instant.

« Celui-ci était un brun, assez laid mais bien bâti, vigoureusement corsé, tout muscles, tout nerfs, dans la force de l’âge, et pressé d’aller au fait parce qu’il se sentait en état de recommencer. Il double, il triple, il quadruple ma jouissance ; il y serait encore si je n’avais eu la prudence de l’arrêter, non sans lui promettre incessamment un autre rendez-vous. C’était bien mon projet de lui tenir parole, j’y étais intéressée autant et plus que lui, si les circonstances n’eussent dérangé notre liaison et ne m’eussent privée d’un de ces hercules rares aujourd’hui et qu’on ne rencontre plus guère que dans l’Église. Quoi qu’il en soit, il fallut nous séparer à l’heure indiquée, c’est-à-dire à neuf heures, lorsque le troisième se présenta. Mêmes précautions pour cacher le second galant, le soustraire aux regards du jaloux et lui ménager, ainsi qu’au premier, le moyen de s’en aller sans éclat — avec la différence qu’il fut bien surpris de trouver dans le cabinet un rival qui, heureusement, le rassura sur-le-champ, se fit connaître, lui apprit comment il se trouvait là, et l’engagea de rester et de voir le dénouement de tant de passades.

« Par le portrait que je vous ai esquissé des deux premiers galants, vous avez pu juger combien ils différaient entre eux. Le troisième était un original d’une espèce plus particulière encore : il avait plus d’amour-propre que d’amour ; il se faisait une grande gloire de grossir la liste de ses conquêtes. Il la portait toujours avec lui ; il me la montra, j’y lus des noms de femmes de qualité, de financières, de bourgeoises. Il m’assura qu’il était blasé sur ces sortes de bonnes fortunes, qu’il ne se souciait plus de femmes prétendues honnêtes, que la plupart, sans tempérament, n’ayant un amant que par imitation, par mode, par air, étaient des jouissances fort insipides, qu’il fallait en revenir aux putes… Par cet aveu flatteur, il piquait mon émulation ; je déployai à son égard toutes les ressources de l’art que m’avait appris mon institutrice, et il convint que je savais amuser à merveille, exercice assez maussade pour moi. Mais il était généreux, et je me fis un devoir de le satisfaire, sauf à ne pas y revenir. Maltraité plusieurs fois de mes semblables pour avoir été trop loyal, ce libertin était obligé d’user de toutes sortes de stratagèmes et de s’en tenir à l’image du plaisir, de peur que la réalité ne lui en fit recueillir encore les fruits amers et cuisants. D’ailleurs, d’un génie caustique et présomptueux, le reste de notre conversation se passa à s’égayer sur ses camarades, qu’il croyait ses dupes. Il ignorait que deux l’écoutaient et que, lorsqu’il riait à leurs dépens, ils prenaient, à plus juste titre, leur revanche. Il fut bien sot quand la venue du dernier m’obligea de le congédier de la même manière qu’eux et qu’il les rencontra nez à nez. La curiosité l’emporta sur le ressentiment, et tous trois se tapirent ensemble, ne doutant plus que ce quatrième ne fût leur confrère.

« En fait de disputes métaphysiques, morales, physiques même, autant de têtes, autant d’avis. On en pourrait dire de même en amour : autant d’athlètes, autant de caprices divers. Le dernier, que j’avais réservé pour la fin comme celui sur lequel je comptais le plus, était un Provençal qui avait le goût de cette nation fort désagréable au sexe. Il l’avait contracté dès le collège, s’y était fortifié au séminaire et ne l’avait pas perdu au milieu des orgies féminines. Je l’avais fort bien jugé il avait tout l’extérieur d’un satyre, et c’était un monstre en réalité. J’en attendais des prodiges. Après avoir beaucoup tourné autour de moi, il me fit sa déclaration d’une espèce vraiment galante et dit que, depuis la Vénus aux belles fesses [3], on n’avait certainement rien vu de si divin. Je compris et lui reprochai la dépravation de son goût ; il se justifia par un axiome reçu généralement dans tous les lieux de débauche : que tout est le vase légitime dans une femme [4]. À l’appui de ce propos de libertin, il me protesta très sérieusement qu’il pourrait ajouter des décisions de casuistes recommandables [5]. Il me parut plaisant qu’un militaire citât de pareilles autorités, et à qui ? Je me récriai ensuite sur l’énormité de l’introducteur, qui me causerait des douleurs effroyables ; il me rassura par un proverbe provençal qu’avec de la salive et de la patience on venait à bout de tout. Alors la curiosité me prit ; je voulus éprouver si l’agent, dans un pareil exercice, recueillait en effet beaucoup de plaisir, s’il refluait dans le voisinage et si la patiente ne pourrait goûter quelqu’un. Il s’y prit en homme intelligent et qui n’était pas à son coup d’essai ; il nageait dans les délices, il était ravi. Il s’extasiait, se pâmait, et moi je n’éprouvai que des désirs, des irritations vaines ; je voulais m’en débarrasser ; mes efforts ne servaient qu’à lui donner plus de pied. Cet amant insatiable, collé près de moi, ne désemparant point de sa place, répétait ses sacrifices presque coup sur coup… À la fin, je saisis un moment de relâche et m’en débarrassai en le qualifiant de l’épithète qui lui convenait, en maudissant l’abus qu’il faisait de ses talents, en protestant bien que ma porte lui serait toujours close.

« Nos débats duraient encore lorsque Monseigneur vint fermer la marche de cette journée. Je suis obligée de traiter ce vilain avec les mêmes égards que j’aurais eus pour le greluchon le plus favorisé. Je n’avais pas eu le loisir de me rajuster ; il me sert de valet de chambre et, quand le désordre où il m’a mise est un peu réparé, je lui indique sa marche pour sortir et cours au-devant du prélat. Un entreteneur n’est pas fait pour attendre ; celui-ci avait pris de l’humeur ; son caractère ombrageux se manifeste par une querelle violente. Les femmes, quand elles ont tort, n’en crient généralement que plus haut, c’est ce que je fais, et si fort que je l’oblige à baisser le ton. Il veut me caresser, je le repousse et me plains à mon tour de l’esclavage où il me tient. Je lui dis qu’il ne connaît point mon sexe, qu’il devrait savoir que les obstacles ne sont propres qu’à l’irriter et qu’il n’est grille ni verrous qui résistent aux désirs d’une femme amoureuse. J’ajoute : “Quoique vous me teniez en charte privée, si je m’étais mise dans la tête de vous cocufier, vous le seriez quatre fois pour une en un jour…” Cette saillie articulée d’un ton ferme, élevé et de colère, qui se trouvait si juste en ce moment, entendue des hommes du cabinet, leur donna une envie de rire si violente qu’ils ne purent y tenir et éclatèrent. Quel fut mon étonnement et quelle fut la frayeur du prélat ! Il s’imagine que c’est un complot formé contre lui, que ce sont des coupe-jarrets apostés pour le voler ; il perd la tête et veut s’enfuir. Moi je reste immobile un moment puis, une lumière à la main, vais visiter le cabinet ; je n’y vois personne, mais la coulisse qui rendait dans l’antichambre ouverte. Je suis la trace des perfides et trouve un spectacle formant la caricature la plus grotesque : Monseigneur et ses grands-vicaires se rencontrent en même temps à la porte ; lui se persuade de plus en plus du mauvais dessein qu’on a, qu’on veut l’arrêter : il se jette à genoux aux pieds des assassins prétendus, offre sa bourse et demande grâce pour sa vie. Ceux-ci le relèvent en riant de plus belle ; ils lui disent que c’est à eux à prendre cette posture, qu’ils sont ses serviteurs les plus zélés et les plus respectueux ; ils le prient de leur pardonner cette espièglerie dont il leur a donné l’exemple et daigné quelquefois être complice, qui devient au surplus très heureuse puisqu’elle sert à lui dessiller les yeux, à lui faire découvrir la fausseté d’une femme qu’il comble de biens, qui se joue de lui et le trompe aussi vilainement. J’arrive à ce moment au milieu d’eux et, d’après leur conversation, découvre un mystère dont je ne pouvais me douter ; je reconnais tous les masques qui me peignent si bien. Monseigneur, un peu revenu de sa terreur, à l’aide de la bougie, malgré leur travestissement dont il avait été plusieurs fois le témoin, voit enfin à qui il a affaire. Il me comble, m’accable de reproches, d’invectives, d’horreurs ; les autres les répètent en choeur. Investie de cette prêtraille, je ne sais que devenir et que répondre. Je m’aperçois que la porte était dégagée, je m’y précipite et gagne la rue, je cours devant moi sans savoir où je vais ; je monte dans le premier fiacre que je rencontre et me fais conduire chez Madame Gourdan, car je la regardais toujours comme mon refuge dans ma détresse. Elle me reconnaît ; elle m’accueille et me fait conter mon histoire ; elle me dit qu’il ne faut pas jeter ainsi le manche après la cognée ; que je dois dès le lendemain matin retourner à ma maison.

« J’arrive et vois un écriteau qui porte : Maison à louer présentement. J’entre et je ne trouve que les quatre murailles et ma femme de ménage qui me dit qu’elle a ordre de rester là tout le jour pour montrer les lieux ; que, dès le grand matin, on avait payé le propriétaire, et qu’un tapissier était venu enlever les meubles comme lui appartenant. Je retournai instruire maman de cette vilenie du prélat. Elle me fait lui écrire et me dicte une lettre de bonne encre, à laquelle, afin de ne pas se compromettre, il ne répond point. Mais il m’envoie mon ancienne ménagère pour me déclarer de sa part que, s’il m’arrive de me porter à l’éclat dont je le menace, il me fera enfermer à la Salpêtrière. C’est alors que Madame Gourdan, par ses protections, voulant éviter tout malheur de cette espèce, m’a fait inscrire surnuméraire à l’Opéra. Depuis, elle a mis en jeu les prélats, ses amis, qui ont négocié auprès du mien. Les pourparlers ont été longs ; il était outré. il ne voulait s’exécuter en rien, mais, lorsque ma grossesse a été certaine, on a tellement fait valoir cette circonstance qu’il m’a envoyé cent louis dont s’est emparée Madame Gourdan, sous prétexte de mon entretien, de ma pension, de mes couches futures. Du reste, nous sommes les meilleures amies du monde ; elle m’appelle son enfant ; je lui gagne beaucoup d’argent, dont elle ne me rend qu’une très petite part, mais elle m’assure que, lorsque je serai délivrée de mon fardeau, elle me procurera un bon entreteneur et me remettra une troisième fois dans le chemin de la fortune, et j’espère bien en mieux profiter. Malheur aux dupes qui tomberont dans mes filets ! »

C’est par cette ingénuité que finit Mademoiselle Sapho.

Ô Milord ! est-il possible, cet âge, d’étre si bonne et si perverse, si naïve et si corrompue, si aimable et si coquine !

FIN

 

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