virtualsex


« Après son instruction, Madame Richard ajouta : “Ce qui doit vous donner quelque confiance en mes discours, ou plutôt vous convaincre de l’excellence de mes préceptes, c’est ce que vous me voyez : assurément, je ne suis rien moins que jeune ; mon embonpoint seulement empêche mes rides de paraître et en cache quelques-unes ; je n’ai jamais été jolie ; j’ai le front gravé de petite vérole, je n’ai nulle noblesse dans la figure ni dans la taille ; j’ai la jambe grosse, le bras et la main mal ; je n’ai pour moi que trois choses : la gorge encore assez ferme, une bouche assez bien meublée et des yeux très luxurieux. Je ne pourrais rentrer d’aucune manière en parallèle avec vous, j’aurais l’air de votre mère, et, cependant, de la plupart de ceux qui viennent ici — surtout des gens mûrs ayant, ce semble, plus besoin que d’autres d’être excités par les grâces de la figure et par la fraîcheur de la jeunesse —, il en est peu qui ne me préférassent. Dès ce soir, si vous voulez, vous en aurez l’expérience.
« En effet, sur la brune, on frappe à la porte, j’y cours, j’ouvre, j’aperçois un vieux cafard ; d’abord déconcerté à ma vue, il baisse les yeux et, d’un ton bénin, me demande si Madame Richard y est ; sur ma réponse, il entre et, suivant le mot du guet, il parle de ses collets, de ses surplis, de ses aubes. Madame Richard l’ayant rassuré, nous nous asseyons et il cause. Bientôt il lui dit à l’oreille que je ne lui conviens pas. Elle me fait signe et je sors, ou plutôt, suivant notre convention, je fais semblant de sortir et me glisse dans un petit cabinet d’où je pouvais voir tout leur manège et prendre une leçon dont les postures de l’Arétin ne donnent pas une idée.
« Le béat me croyait partie ; j’entends qu’il confirme à Madame Richard ce que le geste de celle-ci m’avait indiqué : c’est que je ne lui inspire rien ; c’est qu’il la préfère à toutes les beautés les plus ravissantes parce qu’elle seule a le talent de le ranimer, de lui faire sentir son existence, de le rendre encore homme. Il s’exprimait dans d’autres termes que ceux-ci. Imaginez-vous le langage du libertin de corps de garde le plus déterminé ! Quel contraste avec l’air hypocrite sous lequel il s’était présenté ! Cependant, sa divinité — non moins riche en expressions sonores, qu’elle articule d’un ton ferme et véhément —, après l’avoir excité par ce préambule auquel elle mêlait les premières embrassades, les caresses préliminaires, lui ordonne de se déshabiller. Elle se met nue en même temps, puis ouvre une armoire d’où elle tire une double cuirasse de crins parsemée en dedans d’une infinité de petites pointes de fer arrondies par le bout ; elle le revêt sur la poitrine et sur le dos de cet instrument de pénitence converti en instrument de luxure. Elle en attache les deux parties de chaque côté par des cordons du même tissu, puis elle adapte à celle qui couvre l’estomac une chaîne de fer, qu’elle passe sous les testicules, qui se trouvent soutenus par une espèce de bourse occupant le milieu de la chaîne. Cette bourse est de crin encore, mais à claire-voie, de manière à ne point empêcher les attouchements de la main sur ces sources du plaisir ; quant à la chaîne, elle vient se rattacher de l’autre part ; enfin, elle lui met à chaque poignet un bracelet du même genre que la cuirasse. Je ne connaissais point cet appareil, et je n’en aurais jamais soupçonné l’effet. Je n’en pus douter quand je vis ce prêtre paillard ainsi armé entrer en érection, quoique faiblement. Alors Madame Richard prend des verges et, le flagellant d’importance sur les cuisses, sur les fesses et sur les reins, lui fait faire plusieurs fois le tour de la chambre. À chaque pas qu’il fait, son sang, agité par les frottements de sa cuirasse, se porte aux parties de la génération et le dispose à l’oeuvre de la chair. Cependant, il n’en a point encore assez, et, comme sour Félicité et soeur Rachel, ces fameuses convulsionnaires qui, lorsqu’on les assommait de coups de bûche, n’en avaient jamais trop, il en demande encore davantage et palpe avec transport, dans sa lubricité, tout ce que lui présente la vaste corpulence de Madame Richard. Celle-ci, par ce puissant exercice, après avoir suffisamment aiguillonné la chair chez le ressuscité qui commence, du moins, à donner signe de vie, se couche sur son lit avec lui, du bout des doigts lui titille légèrement les tétons, dont les boutons passaient à travers les oeillères pratiquées exprès dans la cuirasse, elle y porte ensuite l’extrémité de la langue avec un prurit infiniment plus voluptueux. Il n’est point d’engourdissement qui tienne à de semblables caresses, et, sans toucher aux parties de la génération, ce qu’on évite avec le plus grand soin, elles prennent enfin une telle vigueur, un désir si violent du coït, qu’il faut y satisfaire ou y suppléer en provoquant la nature par les frottements différents suivant le genre de plaisir que cherche le miché . Celui-ci aimait la jouissance complète, mais il était jaloux de la réciprocité ; il voulait connaître par lui-même s’il avait le bonheur d’exciter quelque émotion ; il fallait que Madame Richard, accoutumée à cette fantaisie, jouât la comédie, qu’elle poussât des soupirs, l’interpellât par des exclamations amoureuses, en un mot parût appéter aussi ardemment que lui. C’était un corps vivant accouplé à un cadavre. N’importe, elle se contrefaisait à merveille, et parut s’épancher en même temps avec une luxure incroyable — et qu’elle était bien éloignée d’éprouver. (Nous en rîmes bien quand nous nous retrouvâmes seules ensemble.) Au surplus, à bon entendeur il ne faut que demi-mot : cette leçon m’en valut cent, et mon institutrice eut bientôt lieu de connaître mon savoir-faire et d’en être surprise.
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