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Textes Erotiques

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« La déclaration de Phèdre n’était pas plus directe ni plus pressante ; celle-ci fut plus heureuse… “Tu l’emportes, ma Richard, s’écrie le saint homme ; tu triomphes de cinquante ans d’austérité et de vertu… Tu me damnes ; mais quoi ! n’éprouvé-je pas depuis que je te connais des maux au-dessus de ceux qu’on ressent en enfer ? Ne peux-tu pas me faire goûter des plaisirs au-dessus des béatitudes du paradis ? Ou plutôt n’est-ce pas l’Être suprême qui manifeste ici sa volonté ? N’est-ce pas lui qui nous a donné cette sympathie mutuelle qui nous est venue sans nous, que nous avons en vain combattue, et supérieure à tous nos efforts ? Sans doute il ne nous punira pas de son propre ouvrage. C’est lui qui parle ; ses voies sont impénétrables, livrons-nous à son inspiration. Reçois-moi dans tes bras, que je te rende et la santé et la vie, use de ce remède sans remords. Va, le scandale est le seul mal de ces sortes d’unions ; qu’un voile impénétrable dérobe la nôtre aux profanes et jaloux.

« À ces mots, il se rue sur elle avec une fureur indicible. Elle lui rend justice, elle croit avoir son pucelage : il semblait absolument neuf au commerce des femmes et n’en avait la théorie que par ce qu’il en avait appris en confession ou dans les casuistes. Elle fut obligée de le mettre dans la route du bonheur, mais aussi quand il y fut, quelle extase, quel ravissement Il avait cinquante ans de moins ; il réitéra plusieurs fois dans la même journée ; le lendemain, le surlendemain, il la confessa encore…

« Ce commerce durait depuis près d’un mois et son talent ne décroissait point ; elle ne sait s’il prenait dans ses aliments de quoi le soutenir ; c’est très vraisemblable.

« Quoi qu’il en soit, cela ne pouvait durer. Une fièvre inflammatoire s’empara de ce vieillard et il succomba en peu de jours. Elle devint en même temps veuve de deux manières ; son mari, qui était ivrogne, se cassa la tête en revenant de la guinguette et la débarrassa de lui ; mais le saint homme lui manquait, il avait de bons bénéfices et elle en aurait pu tirer parti. Elle n’en eut pas le temps. Elle était de nouveau intriguée sur quel autre confesseur jeter son plomb pour le remplacer, lorsque la Providence vint à son secours.

« Un jour, elle voit entrer dans sa chambre un confrère du défunt, un “grand chapeau”, c’est-à-dire un béat dans toute la force du terme, qui était chargé des consciences et aumônes de la plupart des dévotes de haut parage du quartier. Elle le connaissait de vue, elle lui avait même parlé quelquefois par occasion, mais il lui avait toujours déplu par son extérieur. C’était un échalas, maigre, sans contenance, d’une figure blême, hâve, pénitente, qui la repoussait. Il était l’ami du défunt ; il avait reçu ses derniers soupirs et ses remords en confession, ce qui lui avait donné une connaissance détaillée de son intrigue avec Madame Richard, et fait naître le désir d’en tirer parti ; mais, afin de ne pas se compromettre et de sonder avant le terrain à son aise, il avait pris une tournure très honnête. Il lui forge une histoire, ainsi qu’il lui a depuis avoué : il suppose que son confrère a fait un testament par lequel il laisse tout son bien à la maison, mais à la charge de quelques legs particuliers, entre autres de vingt-cinq louis en faveur de Madame Richard, pour raccommodage de ses collets, surplis, et, en même temps, le cafard étale un rouleau d’or sur la table. L’effroi qu’il lui avait inspiré par sa présence se calme à cet aspect ; bientôt ils entrent en pourparlers, ils s’arrangent et le défunt est oublié. Les aumônes des duchesses pleuvent en abondance chez la loueuse de chaises, qui s’arrondit à merveille.

« La maison des Missions étrangères — dont tes chefs, répandus chez les grands seigneurs du faubourg Saint-Germain, ne laissaient pas que d’avoir un certain crédit par les femmes sous leur direction et par leurs entours — est sujette à une circulation continuelle de prédicateurs, d’écrivains ecclésiastiques, de jeunes abbés de condition, de gros bénéficiers, d’évêques. L’hypocrite connaît beaucoup de ces derniers ; c’est un intrigant adroit qui, dans sa sphère obscure, ne pouvant jouer un rôle par lui-même, a l’amour-propre de se rendre au moins nécessaire à ces messieurs. Il leur procure au besoin des sermons, des mandements, des grands-vicaires des bénéfices, et même des filles quand il les connaît à fond et en est bien sûr. C’est Madame Richard qui a ce département ; elle me dit qu’elle serait peut-être bientôt chargée de pourvoir de maîtresse en règle un prélat ; qu’elle avait jeté les yeux sur moi, mais qu’auparavant il fallait connaître mon savoir-faire ou me donner des instructions ; que d’ailleurs, elle était surchargée de fatigue depuis la perte d’une élève que lui avait enlevée un jeune égrillard, et qu’elle avait besoin que je la secondasse jusqu’à ce que je fusse mieux placée.

« Entrant alors dans une petite dissertation sur notre état, dont les principes solides et les vues fines ne m’ont point échappé, elle me dit : “Ne croyez pas qu’il faille traiter notre métier avec les dévots comme avec les gens du monde. À l’exception des vieillards et des libertins trop usés, il faut infiniment plus d’art et de talent auprès des premiers qu’auprès de ceux-ci, chez qui la passion — ou le goût, au moins — précède pour l’ordinaire la jouissance, la rend plus délicieuse et en fait presque tous les frais. Il n’en est pas de même d’un cafard, paillard honteux, à qui chaque personne du sexe offerte successivement à ses regards plaît tour à tour, parce qu’il n’en est aucune qui n’éveille ses sens. La circonstance seule détermine ses approches, mais ce n’est qu’en couchant avec lui qu’une courtisane experte peut lui faire naître le désir d’y coucher encore, se l’attacher et le fixer. Il faut, pendant les courts moments qu’elle le possède, qu’elle enflamme en lui l’imagination pour les longs intervalles de l’absence et que, toujours présente devant lui par le souvenir des plaisirs qu’elle lui a fait goûter, il en appelle de nouveaux et désespère d’en rencontrer. Au contraire, dans la société, une femme qui a rendu un cavalier amoureux d’elle, qui peut ne le pas quitter, le voir sans cesse, a mille moyens de soutenir et perpétuer la séduction, soit en prenant un ascendant impérieux sur son esclave, qui lui ôte toute faculté, toute volonté, soit en l’écartant adroitement des lieux ou des objets qui pourraient le faire changer, soit en lui procurant des jouissances étrangères qui l’occupent et le distraient, jusqu’à ce que l’appétit charnel le rappelle véritablement dans son sein. Observons en outre que les dévots, les prêtres, les cénobites, les princes de l’Église, travaillés du démon de la chair, sont plus tôt vieillis et épuisés que les gens du monde, ce qu’on attribue à leurs macérations, et ce qui est la suite du fréquent usage de l’onanisme auquel ils sont sujets, faute de femmes ou crainte de se compromettre. Cet exercice solitaire, par la facilité de s’y livrer, tourne bientôt en habitude ; il devient un besoin, mais au grand détriment de l’individu, puisqu’un seul acte lui cause plus de déperdition de substance que plusieurs jouissances partagées. Aussi l’onaniste transporté dans les bras d’une femme est-il fort difficile à amuser. Accoutumé à toutes les graduations, toutes les nuances du plaisir, qu’il diversifie, file, suspend ou précipite à son gré, il lui faut une prêtresse s’oubliant elle-même, se modifiant comme sa victime ; il faut qu’elle étudie et devine, pour ainsi dire, chaque perception voluptueuse de son âme, qu’elle suive la lubricité de ses mouvements, feigne d’en recevoir l’extase qu’elle lui procure et de se sacrifier avec lui. Cet art, si raffiné chez les anciens, à ce que j’ai appris d’un savant clerc, membre de l’Académie des Belles-Lettres, auquel j’ai eu affaire, et perdu, ou du moins dégradé durant les temps d’ignorance et de barbarie, devient en vogue plus que jamais dans ce siècle de lumière et de philosophie. Non moins de quarante mille impures l’exercent dans la capitale. Mais, parmi ce nombre, il en est peu qui se distinguent ; depuis un demi-siècle, on n’en compte que quatre parvenues à une certaine célébrité : la Florence et la Pâris, qui, mortes depuis plusieurs années, vivent encore par leur renommée, et la Gourdan et la Brisson, qui professent aujourd’hui cet art avec beaucoup d’éclat, qui voient passer successivement chez elles presque tout Paris, depuis le courtaud de boutique jusqu’au prince du sang, et depuis le frère quêteur des capucins jusqu’à l’éminence la plus circonspecte. La manuélisation, aidée ou réciproque, est surtout à l’usage des personnages graves que vous verrez ici ; obligés d’envelopper leurs faiblesses du plus profond mystère, ils craignaient qu’un enfant maladroitement jeté en moule, ou quelque maladie honteuse dont les symptômes ne peuvent guère se cacher ne les décelassent. Cette dernière considération détermine à user de la même recette beaucoup de séculiers, persuadés que le mal syphilitique ne se gagne que par le contact vénéneux des parties, organes de la génération. Le cours de tribaderie que vous avez fait, ma chère Sapho, vous a sans doute rendue très propre à l’autre exercice lorsque vous en aurez reçu les documents ; car vous ne pouvez en avoir acquis beaucoup avec un jeune amant fougueux ne recherchant qu’une jouissance rapide, toujours ardent à la conclusion parce qu’il était toujours prêt à recommencer. Vous aurez affaire ici à des hommes d’un âge mûr, chez qui le grand feu du tempérament se trouve amorti, et l’imagination doit suppléer aux facultés. Il faut d’abord vous apprendre la langue du métier, dont l’usage nous est indispensable et de la plus grande importance ; le terme propre placé à propos produit souvent plus d’effet, frappe, émeut, aiguillonne plus vivement les sens que l’image galante qu’y substitue par une longue circonlocution une belle parleuse. Je vous donnerai ensuite la définition de chaque mot que vous n’entendez pas, et enfin je vous indiquerai l’application de diverses pratiques de notre état.” »

Ici, Milord, l’historienne nous fit l’énumération d’un dictionnaire de mots absolument nouveaux pour moi. Ils étaient accompagnés de commentaires si obscènes que je les supprime en entier, de désespoir de pouvoir vous les rendre supportables. Tous ces détails peuvent être excellents dans la chaleur de la débauche, mais deviennent insipides et dégoûtants dans le sang-froid de la narration. Je passe à la péroraison de la harangue de Madame Richard.

« “Au reste, une légère pratique vous rendra bientôt plus habile que le plus long catéchisme. Il en est de notre métier comme de certains jeux de cartes, dont il faut savoir les règles générales, mais auxquelles on déroge souvent, au reversi, au whist, au trésette. C’est sur le tapis qu’on apprend ce qu’il faut faire : la manière de jouer des adversaires détermine celle dont on doit user. Il en est de même du putanisme (car pourquoi rougir de nommer une profession qu’on ne rougit pas d’exercer ?) c’est l’âge, le caractère, le goût d’un amant qui doivent décider de la nature du plaisir à lui procurer. Il faut être très complaisante avec certains hommes ; d’autres, pour entrer en humeur, exigent de l’impétuosité, de l’emportement, de la fureur ; il en est avec qui l’on doit affecter de la réserve, de la pruderie ; ceux-là veulent du tendre et se plaisent à filer du sentiment ; ceux-ci aiment qu’une pute se montre telle qu’elle est et fasse son métier franchement. »

La fin de ce discours fut regardée comme un point de repos où Monsieur Clos fit servir. On remit la conclusion de l’histoire après souper, mais le repas fut si gai, Mademoiselle Sapho si agaçante, que plusieurs convives se trouvèrent plus pressés d’avoir un tête-à-tête avec elle que d’entendre le reste. Pour satisfaire tout le monde, notre amphitryon convint qu’on se rassemblerait une troisième fois.

Je m’arrachai non sans peine à cette société d’aimables libertins, de crainte des contacts vénéneux dont Mademoiselle Sapho m’avait réveillé l’idée, et j’allai me coucher, dussé-je n’éprouver que l’illusion mensongère d’un rêve !

Au reste, Milord, me voilà embarqué malgré moi dans un roman que je n’imaginais pas devoir être si long de la part d’une aussi jeune personne. Heureusement, il ne vous déplaît pas ; il vous pique par sa singularité, vous amuse par ses détails, et votre philosophie même sait en tirer parti. Vous y comparez la corruption de la Babylone française avec celle de la Babylone anglaise, et vous trouvez que celle-ci surpasse la nôtre en raison de l’hypocrisie religieuse que nécessite, ici, le célibat chez cette multitude de moines, de prêtres, d’abbés, d’évêques, qui ne peuvent, comme notre clergé, dans le sein d’un chaste hymen, payer à la nature le tribut que tout homme lui doit. Faites lire à ceux de votre connaissance ces aventures, et qu’ils bénissent leur sort et le protestantisme.

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