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Textes Erotiques

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Mathieu-François Pidansat de Mairobert, « Confession d’une jeune fille (Lettre IX) », L’Espion anglais, ou Correspondance secrète entre milord All’Eye et milord All’Ear, t. X, Éd. John Adamson, Londres, 1779-1784

CONFESSION DE MADEMOISELLE SAPHO
Lettre première

Paris, ce 28 décembre 1778.

Il avait gelé un peu, Milord, dans la nuit de Noël, ce qui avait préparé une belle journée pour le lendemain. Dans la matinée, le temps était calme, le ciel beau, le soleil réchauffait l’atmosphère. Vers midi, il s’était rendu une grande affluence de monde aux Tuileries, sur la terrasse des Feuillants, lieu ordinaire de la promenade en cette saison. C’est aussi où Monsieur le comte d’Aranda prend régulièrement l’air au moins une fois par jour. J’y avais rencontré ce seigneur ; je causais avec lui, lorsque nous remarquâmes un grand mouvement au bas de cette terrasse ; les suisses, les gardes du jardin accouraient de toutes parts, la foule les suivait. Nous approchâmes et nous reconnûmes assez distinctement la petite comtesse.

Il faut vous rappeler que c’est ainsi qu’à la cour, où tout se peint en beau, on qualifie Madame Gourdan, la fameuse appareilleuse. Elle avait avec elle une nymphe très bien mise, très jolie, très jeune ; c’était encore une enfant. Celle-ci était un peu dérangée dans son ajustement et pleurait beaucoup ; quant à l’autre, elle avait un teint allumé, vomissait des imprécations et avait tout l’air d’une mégère. Elles étaient précédées d’un vieillard consterné de douleur et d’effroi, ayant la physionomie assez noble, mais vêtu comme un homme de campagne. Le bruit se répandit bientôt que ce paysan, cherchant sa fille, qui avait disparu de son village depuis quelque temps, avait cru la reconnaître à travers le vêtement élégant dans lequel il ne l’avait jamais vue ; qu’il était allé à elle, l’avait traitée durement, avait voulu s’en emparer et la reprendre, à quoi s’étaient opposées d’une part la mère abbesse, et de l’autre encore plus la fille, faisant semblant d’ignorer qui il était, ce qu’il lui disait, ce qu’il demandait, et que le rustre, furieux de se trouver ainsi méconnu, renié par son propre sang, lui avait donné une paire de soufflets, délit qui occasionnait tout le tumulte.

On les conduisit au château pour prendre les ordres de Monsieur le gouverneur ou de l’officier commandant . Le seigneur espagnol est amateur ; vous savez que je le suis pas mal. Nous nous intéressions au sort de la jeune personne et étions très empressés de savoir ce qui en serait décidé. En un instant, je vis se détacher de la promenade et courir au palais Monsieur Clos, le lieutenant général de la prévôté de l’hôtel *; je ne doutai pas qu’il n’allât remplir ses fonctions ; le hasard voulait que je dînasse avec lui ce jour-là même, chez le marquis de Villette, où il loge ; je m’en félicitai et je promis au comte de l’instruire à fond de toute l’aventure, le lendemain, sur la terrasse où nous nous donnâmes rendez-vous.

J’avais conjecturé juste ; à son arrivée, Monsieur Clos nous confirma la vérité de rumeurs répandues dans le public. Il nous dit qu’il ne doutait pas que la jeune personne ne fût fille du paysan, mais que l’acte de correction qu’avait exercé envers elle ce père infortuné étant un délit grave et en lui-même, et à raison de sa publicité, et plus encore à cause du lieu royal, il n’avait pu se dispenser, quelque juste que fût au fond la réclamation du villageois, de l’envoyer en prison, tandis qu’il avait fait relâcher les deux femmes, à la charge de se rendre, à cinq heures de relevée, dans son hôtel, pour y être interrogées. Vous jugez que l’ardeur des convives fut grande d’en savoir le résultat. Il nous flatta de pouvoir satisfaire notre curiosité, de venir du moins nous retrouver. On l’attendit, et, en effet, vers les neuf heures, il nous apprit que l’affaire n’avait été que de conciliation ; qu’il l’avait arrangée sur-le-champ ; que cela avait entraîné bien des allées et venues qui l’avaient retenu jusqu’à ce moment. Suivant son récit, la fille se trouvait véritablement celle du paysan, mais, outre l’attrait qu’elle avait pour le libertinage qui ne lui permettait plus de vivre dans un village et dans la maison paternelle, elle était grosse et assez avancée, spectacle trop scandaleux sous le chaume. Enfin elle s’était mise sous la sauvegarde de l’Académie royale de musique en se faisant inscrire surnuméraire à ce théâtre, en sorte que ses père et mère n’avaient plus de droit sur elle 

Le vieillard, homme de bon sens, avait été obligé de se rendre à ces raisons et de se départir d’une autorité qu’il n’aurait pu désormais exercer que pour le malheur de sa fille, et pour le sien conséquemment.

Monsieur Clos, croyant le dédommager, avait exigé que Madame Gourdan lui donnât une somme de vingt-cinq louis pour les frais de son voyage, mais le paysan, les rejetant avec horreur, avait déclaré qu’il ne voulait rien ; que l’infamie ne se couvrait point avec de l’argent ; qu’il n’avait d’autre parti à prendre que d’oublier qu’il eût jamais eu une fille. On admira l’énergique caractère du villageois, la noblesse de son refus ; on réfléchit sur la mauvaise étoile qui l’avait fait sortir de chez lui pour courir après sa fille, qui la lui faisait trouver sans pouvoir la ramener ni arrêter ses déportements et qui, pour récompense de tant de soins, de peines et de chagrins, l’avait fait conduire en prison.

Ces réflexions philosophiques firent bientôt place à l’intérêt plus vif et plus naturel envers la jeune personne ; on redoubla de curiosité sur son compte, on pressa de questions Monsieur Clos, qui se mit à sourire et dit : « Messieurs, je vous ai réservé une surprise agréable, et sur laquelle vous ne comptez pas : j’ai renvoyé Madame Gourdan à ses fonctions et j’ai retenu Mademoiselle Sapho, c’est le nom de la nymphe ; si vous voulez me suivre et monter là-haut, vous souperez avec elle»

Nous trouvâmes chez Monsieur Clos la plus charmante créature possible ; sa grossesse ne paraissait point, et elle avait sur sa physionomie toute l’ingénuité de l’enfance ; elle était encore émue de la scène de la journée ; des larmes roulaient dans ses yeux, car, à son âge, elle ne pouvait avoir perdu toute tendresse pour son père, qu’elle venait d’affliger si cruellement.

Les compliments, les fadeurs, les caresses dissipèrent facilement cette impression de tristesse. Elle reprit sa gaieté, on se rangea en cercle autour du feu, elle s’assit au milieu et nous raconta de la sorte son histoire :

« Je suis du village de Villiers-le-Bel ; mon père est un laboureur qui vit assez bien en travaillant, lui, sa femme et ses enfants. Pour moi, les occupations de la campagne m’ont toujours répugné. Pendant que l’on était aux champs, on me laissait à la maison prendre soin du ménage, et je le prenais souvent très mal, ce qui me faisait souvent gronder et maltraiter. Mon caractère me porte uniquement à la coquetterie. Dès mon enfance, je goûtais un plaisir vif à me mirer dans les ruisseaux, dans les fontaines, dans un seau d’eau. Quand j’allais chez Monsieur le curé, je ne pouvais quitter le miroir. J’étais aussi fort propre pour mon compte ; je me lavais souvent le visage, je me décrassais les mains, j’arrangeais mes cheveux et mon bonnet de mon mieux ; j’étais enchantée quand J’entendais dire autour de moi par quelqu’un : “Elle est jolie, elle sera charmante.” Je passais la journée entière à soupirer après le dimanche, parce qu’on me donnait ce jour-là une chemise blanche, un juste brun, qui me prenait bien la taille et faisait ressortir la blancheur de ma peau, des souliers neufs, une petite dentelle à mon béguin. Quand je pouvais mettre la croix d’or de maman, sa bague, ses boucles d’argent, j’étais comblée. Au reste, oisiveté complète, la promenade, la course, la danse. J’étais parvenue ainsi à ma quinzième année ; j’étais grande fille, et tous mes défauts avaient crû avec l’âge. Il s’en développa bientôt de nouveaux : je devins lascive singulièrement. Sans savoir pourquoi, ni ce que je faisais, ni ce que je voulais, je me mettais nue dès que j’étais seule. Je me contemplais avec complaisance, je parcourais toutes les parties de mon corps, je caressais ma gorge, mes fesses, mon ventre ; je jouais avec le poil noir qui ombrageait déjà le sanctuaire de l’amour; j’en chatouillais légèrement l’entrée, mais je n’osais y faire aucune intromission ; cela me paraissait si étroit, si petit, que je craignais de me blesser. Cependant je sentais en cette partie un feu dévorant. Je me frottais avec délice contre les corps durs, contre une petite soeur que j’avais et qui, trop jeune pour travailler, restait avec moi. Un jour, ma mère, revenue des champs de meilleure heure, me surprit dans cet exercice ; elle entra en fureur, elle me traita comme la dernière des malheureuses ; elle me dit que j’étais un mauvais sujet qui ne serait jamais propre à rien, une dévergondée qui déshonorerait ma famille, une prostituée qu’il fallait envoyer au couvent de la Gourdan. Ces épithètes, dont je n’entendais pas le sens, ne me parurent injurieuses que parce qu’elles furent accompagnées de jurements et de coups si violents que je pris la résolution de quitter la maison paternelle et de m’enfuir.


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